Chaque culture du monde a sa tenue traditionnelle qui incarne l’essence de son histoire et de son identité. Si vous vous rendez au Japon, vous ne manquerez pas de croiser des personnes revêtues de Kimonos. Tandis que les Coréens célèbrent le Hanbok, et les Chinois le Cheongsam. Pour les Vietnamiens, leur fierté réside dans l’« Ao Dai », une tenue qui a su captiver le cœur de son peuple et des voyageurs. Cette élégante robe est bien plus qu’un simple vêtement, c’est un symbole de l’histoire et de la féminité vietnamienne.
Qu’est-ce que l’Ao Dai ?
En vietnamien, « Áo » signifie « chemise » et « Dài » signifie « long », ce qui se traduit littéralement par « chemise longue » ou « tunique longue ». La prononciation varie légèrement d’une région à l’autre, étant « ao yaï » dans le sud du Vietnam et « ao zaï » dans le nord.
L’Ao Dai est un ensemble de deux pièces : une tunique longue ajustée, portée par-dessus un pantalon. Le pantalon, à taille haute, est souvent ample et maintenu en place par une ceinture élastique cousue dans la partie supérieure, ou par une fermeture. La tunique, moulante au niveau du buste, atteint mi-jambe et est fendue de chaque côté jusqu’au-dessus du bassin. Elle se caractérise par un col Mao et des manches longues, avec une fermeture discrète sur le côté à l’aide de petits boutons pression.
Traditionnellement, l’Ao Dai est réalisé en soie, mais il peut être confectionné avec divers autres tissus. Cette tenue séduit des femmes de tous âges, qu’elles soient étudiantes, professionnelles, hôtesses ou simplement des femmes élégantes à la recherche de la beauté traditionnelle. Les hommes, bien que moins fréquemment, choisissent également l’Ao Dai, généralement pour des occasions spéciales comme les mariages, les cérémonies officielles, ou lors de leur découverte du meilleur circuit au Vietnam.
Évolution de l’Ao Dai au fil de l’histoire
L’Ao Dai, en tant que tenue traditionnelle vietnamienne, a traversé des évolutions significatives au cours des siècles. Ces changements ont été influencés par des facteurs culturels, historiques et esthétiques, façonnant ainsi la version contemporaine qui incarne l’identité culturelle du Vietnam.
Le « Ao Giao Linh » — costume populaire au XVIIIe Siècle
Au XVIIIe siècle, le Vietnam était divisé en deux régions, le Nord gouverné par la dynastie Trinh, et le Sud sous la domination de la famille Nguyen. Dans le Nord, la population portait une tenue appelée « Ao giao linh », qui s’inspirait de la robe chinoise portée par le peuple Han. Cette tenue était une robe fendue sur les deux côtés, avec un col croisé et des manches longues. Elle se caractérisait par ses quatre longs tissus, portée avec une robe noire longue. C’est le point de départ de l’Ao Dai.
Le « Ao Ngu Than » – première version de l’Ao Dai traditionnel
Dans le Sud, le seigneur Nguyen Phuc Khoat, désirant marquer l’indépendance de son territoire par rapport au Nord, a ordonné à son peuple de modifier leur façon de s’habiller. Ils ont ainsi adopté un pantalon sous une tunique longue et large à cinq pans, avec un col droit. Ce costume était une fusion de la tenue chinoise et de celle de l’ancien royaume Champa. Cela a marqué la naissance de la première version de l’Ao Dai, qui est devenue le vêtement national de la dynastie des Nguyen après la réunification du Vietnam en 1802.
Comparé à l’Ao Dai moderne, le « Ao Ngu Than » était plus ample et plus court.
Le « Ao Dai Le Mur » — influence occidentale
Pendant la colonisation française des années 1930, la mode vietnamienne a été fortement influencée par la mode occidentale. Cela a conduit à une rénovation majeure de l’Ao Dai avec la création du modèle « Ao Dai Le Mur » en 1939 par l’artiste hanoïen Cát Tường.
Cát Tường, inspiré par la mode parisienne et le « Ao Ngu Than », a modifié la robe vietnamienne en la rendant plus ajustée, en réduisant le nombre de pans de cinq à deux, en relevant les épaules, en ajoutant des boutons de fermeture sur le côté, en introduisant une palette de couleurs vives et en modifiant la forme du col. Ces changements ont fait de l’Ao Dai Le Mur une robe séduisante et flatteuse, bien que certains la jugeaient « indécente » à l’époque.
Cette version a suscité la controverse, car elle osait dévoiler les formes du corps féminin, allant à l’encontre des normes traditionnelles. Malgré cela, l’Ao Dai Le Mur est devenu la norme de l’époque, imposant son style sensuel.
Le « Ao Dai Le Pho » — un compromis entre tradition et modernité
En 1943, l’artiste Le Pho a pris le modèle Ao Dai Le Mur et l’a modifié pour le rendre plus proche du modèle traditionnel « Ao Tu Than », tout en conservant l’aspect flatteur. Cette version a rencontré un grand succès à l’époque, correspondant à l’idéologie traditionnelle tout en adoptant un style moderne.
L’Ao Dai à Manches Raglan – le modèle préféré
Dans les années 1950, deux couturiers de Saigon, Tran Kim chez Thiet Lap Tailleurs et Dung des Tailleurs Dung, ont créé l’Ao Dai à manches Raglan, avec des manches coupées en diagonale remontant jusqu’au cou. Cette version de l’Ao Dai était plus ajustée à la taille et aux manches, mettant davantage en valeur les courbes féminines.
Le « Ao Dai Mme Nhu » — la libéralisation des Saïgonnaises
Vers la fin des années 1950, Mme Tran Le Xuan (ou Madame Nhu), la belle-sœur de Ngô Dinh Diêm, ancien président de la République du Sud-Vietnam, a porté un style d’Ao Dai moderne avec un col en V, des manches courtes et des gants, créant un débat sur la mode, entre modernité et tradition. Certains ont critiqué cette évolution comme étant de mauvais goût, tandis que d’autres ont vu en elle un symbole de confiance en soi et de libéralisation des femmes saïgonnaises.
L’Ao Dai moderne d’aujourd’hui – un symbole culturel
Depuis la fin des années 1980, l’Ao Dai moderne que nous connaissons aujourd’hui a presque atteint sa forme définitive, devenant un symbole de grâce, de beauté et de fierté culturelle pour le peuple vietnamien. Cette tunique longue est devenue un uniforme populaire pour les lycéennes et les étudiantes vietnamiennes. Les hôtesses de l’air de Vietnam Airlines la portent également comme un emblème national. Elle a suscité l’inspiration des artistes contemporains et des créateurs de mode, qui ont diversifié les coupes, les matériaux, les motifs et les couleurs.
L’Ao Dai est bien plus qu’un vêtement. Il est un élément précieux de la culture vietnamienne, offrant à chaque femme la possibilité de personnaliser sa tenue en fonction de ses goûts et de sa silhouette.
L’Ao Dai pour homme
Bien que traditionnellement porté par les deux sexes, l’Ao Dai a perdu de sa popularité chez les hommes au fil du temps. La première version masculine, le « Ao Ngu Than », était légèrement différente de celle des femmes, avec des couleurs plus sombres et un pantalon plus court pour faciliter les mouvements. Cependant, cette version n’a connu que peu d’évolutions au cours des siècles.
De nos jours, les stylistes ont créé de nouvelles versions de l’Ao Dai masculin, offrant des palettes de couleurs plus variées, des motifs de broderie, et des coupes modernes. Cela a rendu cette tenue plus populaire, en particulier auprès des jeunes, qui la portent lors d’événements spéciaux comme les mariages, la fête de Tet, et les cérémonies officielles. Les hommes diplomates vietnamiens à l’étranger contribuent également à faire découvrir la version masculine de l’Ao Dai.
Bonnes adresses pour faire confectionner un Ao Dai
L’Ao Dai est généralement fabriqué sur mesure, nécessitant des mesures précises pour un ajustement parfait. Si vous voyagez au Vietnam et souhaitez vous offrir un Ao Dai de qualité, il est recommandé de consulter les grands tailleurs, qui utilisent des tissus de qualité supérieure. Hanoi et Hoi An, dans le centre du pays, sont des destinations populaires pour la confection d’Ao Dai sur mesure.
L’Ao Dai est bien plus qu’un simple vêtement, il fait partie intégrante de l’identité vietnamienne, de son riche patrimoine historique et de sa fierté culturelle. Que vous soyez homme ou femme, cette tenue traditionnelle vietnamienne constitue une opportunité unique de célébrer la beauté et l’élégance intemporelles, tout en découvrant le meilleur circuit au Vietnam.